De la scatologie à l’eschatologie. - Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2021

De la scatologie à l’eschatologie.

Résumé

Why did an archbishop choose to have farts painted on the ceiling of his residence? In the middle of the 15th century, the archbishop of Narbonne was not satisfied with simple flatulence. He also chose a « soufflacul » («blow-in-the-ass »), represented on two opposite closoirs by a trumpeter blowing into the buttocks of a fool. The two characters form a diptych where the upper and lower parts of the body merge by the play of the circulation of the wind. Beyond its comic effect, this Bakhtinian image recalls the existence of the carnival rite of the soufflaculs, which celebrates the return of spring and the circulation of the souls of the dead. The rite is well attested in the region in the 19th and 20th centuries. But older sources, iconographic and literary, testify to the existence of the soufflacul motif from the end of the Middle Ages, where it carries a symbolism linked to life, death and the passage of souls to the afterlife. It is thus similar to an astonishing medical practice, insufflation in the buttocks, used to resuscitate the dead in modern times. These sources allow us to reconsider the image of the soufflacul in the context of the archbishop's residence, for whom the representation of the wind would be a metaphor of the soul.
Pourquoi un archevêque choisit-il de faire peindre des pets au plafond de sa demeure ? Au milieu du XVe siècle, celui de Narbonne ne se contente pas de simples flatulences. Son choix se porte aussi sur un soufflacul, figuré sur deux closoirs en vis-à-vis par un trompettiste soufflant dans les fesses d’un fou. Les deux personnages forment un diptyque où haut et bas du corps se confondent par le jeu de la circulation des souffles. Au-delà de son effet comique, cette image bakhtinienne rappelle l’existence du rite carnavalesque des soufflaculs, qui célèbre le retour printemps et la circulation des âmes des morts. Le rite est bien attesté dans la région aux XIXe et XXe siècles. Mais des sources plus anciennes, iconographiques et littéraires, témoignent de l’existence du motif du soufflacul dès la fin du Moyen Âge, où il porte une symbolique liée à la vie, la mort et au passage des âmes vers l’au-delà. Il se rapproche ainsi d’une étonnante pratique médicale, l’insufflation alvine, utilisée pour réanimer les morts à l’époque moderne. Ces sources permettent de reconsidérer l’image du soufflacul dans le contexte de la demeure de l’archevêque, selon l’enjeu que représente pour lui la représentation du souffle comme métaphore de l’âme.
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Dates et versions

hal-03865496 , version 1 (22-11-2022)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : hal-03865496 , version 1

Citer

Maud Pérez-Simon, Cécile Bulté. De la scatologie à l’eschatologie. : Souffle du bas et souffle du haut sur le plafond peint du château de l'archevêque de Narbonne à Capestang. Evelyne Sammama; Franck Collard. Histoire du ventre. Entrailles, tripes et boyaux. Antiquité, Moyen Âge, Epoque moderne, L'Harmattan, pp.295-308, 2021, Rencontres d'histoire de la médecine, des pratiques et des représentations médicales dans les sociétés anciennes, 978-2-343-24686-4. ⟨hal-03865496⟩
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