Résumé : Il s'agit de décrire les différentes formes d'inscription des discours dans la presse quotidienne nationale et de s'interroger sur les représentations mise en jeu au croisement de ces "discours représentés" : car "les voix" qui se rencontrent dans l'espace du journal viennent souvent d'autres lieux que l'espace du journal et renvoient de ce fait à des domaines de mémoire reliés à la culture et à l'histoire. À partir d'une définition du dialogisme qui réfère à cette "capacité de l'énoncé à faire entendre, outre la voix de l'énonciateur, une (ou plusieurs) autre(s) voix qui le feuillette(nt ) énonciativement " (Bres, Siblot, Vérine 2001), on peut conduire une analyse qui s'appuie sur différents types d'observables dont certains surgissent à l'insu de l'énonciateur mais qui participent tout autant à la construction de la réalité sociale. Dans une première partie, sont ainsi décrits des formes d'intertexte à plusieurs voix, qui s'avèrent plus ou moins "bruyantes", des formes qui accentuent la clandestinité des discours transverses (comme certains préconstruits), des formes qui renvoient à une mémoire discursive plus ou moins enfouie. La deuxième partie s'interroge sur les fonctions et les effets des différentes voix "représentées" : une fonction de crédibitlité ? une façon de représenter l'événement ? Une manière de construire l'opinion ? La mise au jour des représentations conduit à entrevoir comment ces fonctionnements discursifs semblent participer à la construction d'une "culture discursive" (von Münchow 2008) et aux discours fondateurs des sociétés contemporaines.