Grand-monde - Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2018

Grand-monde

Résumé

Grand-Monde est un livre tourné vers les arbres. Pourquoi écrire sur eux ? Parce qu'ils plantent un rapport, à la fois essentiel et fragile, à la nature. Ils donnent en silence les coordonnées de notre monde. Ces poèmes font la biographie des arbres, appelés « Ils » dans la première entrée, « Les Longtemps ». Ils s'y dessinent dans leur verticalité, collectivité vulnérable, accueillante et fermée. On les voit tenir à la lisière de l'humain. Ils poussent à l'orée de l'Histoire. Ce sont des relieurs. Ils persistent. Dans ce livre, ils ne sont pas traités comme des objets mais plutôt comme des sujets, avec leurs modes d'être, réactifs au cadre (« Hors-lieu ») et aux saisons. Chaque poème rappelle à sa façon qu'ils sont vivants, d'une vie aussi différente de celle des animaux que de celle des choses. Et qu'ils sont en voie d'extinction, malgré leur écorce de dinosaures et cette lenteur qui semble les protéger du temps. De là aussi cette actualité, cette urgence des arbres qui rejoignent celles de la parole. Le poème, donc, enregistre et dépasse l'apparente familiarité qui les efface, pour les rendre mieux visibles. Il retrace leur déploiement dans l'espace et le temps. Peint comme il peut leur tremblé naturel. Les arbres sont, en ce sens, principes de mémoire (« Fûts ») et de comparaison (« Comme des mouches »). Car les arbres ne nous font pas rien. Ne nous restent pas extérieurs. « Ils nous font. » Ils vont jusqu'à provoquer la métamorphose du « je », dans « Traité d'état physique » : ce titre dit le refus d'assigner les arbres à un quelconque mouvement de transcendance qui se contenterait de faire signe vers un autre monde. Cette rencontre est faite des émotions qui, à l'instant de la rencontre ou au fil du poème, nous happent et mélangent jusqu'au devenir-arbre. Les arbres nous font, d'abord parce qu'ils nous font quelque chose. Chaque poème offre un dispositif qui invite le lecteur à en faire l'expérience et s'hybrider de feuilles. C'est pourquoi Grand-monde n'est pas réductible à l'étude d'un thème, les arbres, ni à une peinture sur motif ou une description de paysage. Si la démarche poétique engage ici le regard et, plus largement, la sensorialité, elle tend surtout à capter les modifications du moi et de la langue que le contact du végétal fait travailler, interroge et distord. La typographie, espacée, comprenant des blancs, est attentive à rendre cette autre respiration.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03957816 , version 1 (26-01-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03957816 , version 1

Citer

Aurélie Foglia Loiseleur. Grand-monde. Corti, 2018. ⟨hal-03957816⟩
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