"Simple comme une forêt vierge et beau comme un tigre"
Résumé
Communiant au visage poupon, adolescent sauvage, collégien échevelé de colère et de candeur, chasseur au teint sombre... En somme « mortel, ange ET démon, autant dire Rimbaud », le résumait Paul Verlaine.
Au-delà du mystère et de sa fulgurance – à moins que ce ne soit justement en raison de ce caractère énigmatique et frappant –, le visage d’Arthur Rimbaud fascine. C’est à Verlaine encore que revient la formule la plus éloquente et qui le plus justement le cerne, le saisit, le cisèle : « simple comme une forêt vierge et beau comme un tigre ».
Qui pourrait avouer en effet ne s’être jamais abandonné à la contemplation ébahie des clichés pris en 1871 par Étienne Carjat ? Qui oserait affirmer ne s’être jamais laissé aller à la tentation de percevoir le vague scruté par son
regard si lointain ? Fantin-Latour, Vallotton, Léger, Giacometti, Picasso, Ernest Pignon Ernest, entre autres, ont tour à tour rêvé au visage du poète. Et certainement pour ne pas succomber eux aussi à cet ailleurs entr’aperçu, ils ont souhaité conjurer le sort en l’incarnant, en le revisitant : en réalisant à leur tour un nouveau portrait mythique, leur portrait de Rimbaud, afin qu’il devienne aussi bientôt nôtre. Pour les aider à mieux pénétrer le poète et sa pensée et pour mieux nous persuader d’embarquer à leur suite. Folle aventure.