Les horizons du départ dans le "Devisement du Monde",
Résumé
Le Devisement du monde met en scène des personnages en déplacement permanent, du premier départ de Venise en 1260 au retour en 1295. Les dix-huit premiers chapitres de l'ouvrage, qui tiennent lieu de prologue étendu, donnent un aperçu des voyages, sur une période de vingt-cinq ans des frères Polo, bientôt rejoints par Marco, entre Venise, Constantinople, Acre et la cour du Grand Khan en suivant différents itinéraires.
Le départ initial des Polo n'est pas porteur de pathos. De quoi « départ » est-il donc synonyme dans le Devisement du monde ? Est-il ouverture vers un ailleurs, mission, dynamique conquérante, souci d’apprendre ?
Et ce départ peut-il prendre différents sens selon les lecteurs ou les commanditaires de l'ouvrage ? Nous chercherons à répondre à cette question par le biais des enluminures frontispices qui, en raison de leur emplacement même, sont des outils inchoatifs, et ce pour plusieurs raisons. Le frontispice est le premier contact avec le lecteur, une entrée en matière visuelle qui donne immédiatement le ton, la couleur qui prédominera dans l’ensemble du manuscrit. De plus, le départ étant le thème du prologue, c'est là qu'est représenté celui des frères Polo quand il donne lieu à illustration. Nous verrons comment les enluminures frontispices insufflent l’idée du départ et quels sont les horizons du départ au seuil du Devisement.
