Le québécois : d’une langue identitaire à un imaginaire hétérolingue
Résumé
La littérature québécoise offre aux lecteurs français, outre le plaisir qu’elle procure, une occasion rare de (re)prendre conscience des parois du bocal de « la langue » dans lequel nous croyons trop souvent évoluer comme dans un milieu naturel… Cet article propose une brève exploration de trois pièces de théâtre qui conduisent d’une performance identitaire dans une langue québécoise revendiquée (Macbeth de Michel Garneau) à la subduction subversive du français sous l’anglais (The Dragonfly of Chicoutimi de Larry Tremblay) et jusqu’à la mise en scène rythmique d’une polyphonie constitutive (Yukonstyle de Sarah Berthiaume). Tandis que le plurilinguisme peut sembler laisser indemnes des langues mises en présence comme autant d’entités sagement isolées, l’hétérolinguisme interroge les frontières mêmes de ce qu’on appelle « la langue ». La logique monolingue (ou monolinguiste) pourrait-elle céder pour laisser place à un « imaginaire hétérolingue » ? L’enjeu s’avère indissociablement linguistique et identitaire : c’est donc autant le bocal que le poisson qui doit être repensé…