Les gitans dans le royaume de Valence aux XVIe et XVIIe siècles
Résumé
Tout en ne perdant pas de vue la situation générale des Gitans dans la Péninsule, nous nous proposons d’analyser dans ce travail le traitement réservé dans le royaume de Valence à ceux qui en franchirent les frontières à compter du début du XVe siècle, le plus souvent appelés Bomians dans la documentation locale. Complétant modestement les recherches pionnières de Sebastián García Martínez sur les Gitans à Valence, nous montrerons que cette communauté, qui n’eut jamais aucun accès au pouvoir ni à la représentation, tout en vivant en symbiose avec les populations sédentaires, a cultivé ses différences dans un esprit d’autoconservation, tandis que la classe dominante, tout au contraire, s’efforçait de gommer celles-ci en criminalisant tout le groupe ethnique et en l’assimilant, lorsque cela était possible, aux bandits, vagabonds et délinquants qui sévissaient à l’époque dans le royaume. Toutefois, l’exhibition – parfois burlesque et en tout cas toujours festive – de figures de Gitanes et de Gitans lors de certaines processions du XVIIe siècle valencien nous informe de la récupération, par les pouvoirs religieux et civils de cette cité, de ces figures de proscrits, à l’instar d’autres images de marginaux, à des fins d’auto-propagande. Dans la symbolique, le Gitan, banni mais dont on ne parvient pas à se défaire, est réinjecté imaginairement dans l’image globale de la société que les autorités se plaisent à montrer lors de ces fêtes comme un corps social idéalisé qui inclut jusqu’à ceux qu’il marginalise et, comme dans le cas des Gitans, qu’il exècre tout à la fois.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)