Une pédagogie de la trajectoire culturelle
Résumé
Après avoir montré, dans des articles antérieurs, que la conscientisation de la trajectoire sociale (dans l'acception bourdieusienne de série des positions occupées par un même agent dans des espaces sociaux en transformation) n'allait pas de soi, on se demande ici quelle pédagogie permettrait aux sujets en mobilité de créer de nouvelles cohérences dans leur trajectoire académique et culturelle. Le terme trajectoire rend compte du fait que l’éloignement vis-à-vis d’un premier pôle d’enracinement culturel et le rapprochement vis-à-vis d’un deuxième pôle dessinent un mouvement réel, physique, dans l’espace. Un mouvement entre des régions, des réalités socio-linguistiques et politiques qui rend parfois nécessaire l’élaboration de nouvelles cohérences. Il convient de penser ces cohérences, de les construire par la parole échangée ou, encore, par le travail réflexif et l’écriture. Car la capacité à tirer parti du voyage (comme déplacement social autant que spatial) et à en faire l’un des éléments actifs de son capital culturel dépend en partie de la capacité des voyageurs à construire la signification à la fois intellectuelle, imaginaire et socio-historique de ce voyage. Ainsi deviennent-ils un peu plus sujets de ce qui s’impose désormais comme une norme labellisée par une nouvelle terminologie : la mobilité internationale et la mobilité culturelle, deux formes de déplacement dont la réussite repose en partie sur la mobilité intellectuelle de l'acteur social.