Autobiographie et réflexivité - Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2006

Autobiographie et réflexivité

Résumé

Ce volume réunit les contributions de huit auteurs qui interrogent les relations entre autobiographie et réflexivité à partir de la littérature, la didactique du français, (langue maternelle ou langue étrangère), la sociolinguistique et l'anthropologie. Ils poursuivent l’analyse du biographique en tant qu’objet d’enseignement littéraire, vecteur d’apprentissages linguistiques et culturels, outil de formation et méthode de recherche. Ils explorent la relation entre l’autobiographie comme retour sur une histoire déjà vécue, comme anamnèse et travail d’historicité et la réflexivité du sujet en action, en situation, en recherche, dans la construction de sa pensée et de ses connaissances ici et maintenant. Selon les disciplines, divers points de vue ont été adoptés. L'acte de langage consistant à se prendre pour objet de connaissance est d’abord analysé dans le domaine littéraire où la réflexivité par laquelle un sujet construit sa pensée et produit une image de soi est constitutive de la démarche autobiographique, selon des formes qui varient en fonction du genre littéraire et de la théorie du sujet dans lesquels elle s’inscrit. Ce sont ces variations, et les processus à l’œuvre dans l’élaboration identitaire qu’analyse Rouxel. Comment l’école primaire accompagne-t-elle la production, par les élèves, des écrits réflexifs et autobiographiques ? C’est la question à laquelle répond ensuite Bishop montrant que de la III° République à nos jours, l’histoire de l’écriture autobiographique est liée à l’évolution des conceptions de l’écriture dans le cadre scolaire. Elle montre comment les écritures autobiographiques se sont déplacées. D’outil d’éducation au début du XX° siècle, de moyen d’expression dans le modèle du texte libre, elles sont devenues des outils didactiques et sont utilisées aujourd’hui comme écrits pour penser et se penser comme sujet apprenant. Dans la seconde partie, sont analysés le cadre, les discours et les relations à l’intérieur desquels l’apprenant devient un sujet réflexif. Comme le préconisent les Instructions Officielles de 2002, un usage réflexif de l’écriture autobiographique scolaire sert à construire un rapport au savoir fondé sur la compréhension de ses propres démarches intellectuelles. Les travaux présentés par Chabanne éclairent cette option, postulant que le langage en général et l’écriture en particulier permet de construire la pensée. L’écriture est un outil de réflexion et non pas l’expression de ce qui serait déjà présent avant le verbe et qu’il suffirait de mettre en mots. En proposant d’apporter une attention particulière aux écrits pour penser désignés sous le terme d’écrits intermédiaires, Chabanne entend donner un statut particulier à ces productions qui sont à la frontière du privé et du public et qui contribuent à construire une image de soi. Il observe que ces écrits intermédiaires ne sont pas seulement des traces de la pensée, mais sont aussi pour le sujet, un miroir de sa propre activité et de ses propres transformations. Les deux contributions suivantes (Castellotti, Molinié) élargissent la perspective vers la prise en compte des activités réflexives tant orales qu’écrites, aussi bien individuelles que collectives, en relation avec le développement des compétences plurilingues du collégien et de l’étudiant européen. Après avoir posé que « le monolinguisme n’existe pas », Castellotti indique que tout locuteur, dans le monde contemporain dispose de ressources plurielles qu’il combine pour construire son parcours langagier. La composition de son autobiographie de locuteur et d’apprenant de langues lui permet de prendre conscience non seulement de son plurilinguisme, mais également des processus qu’il met en œuvre pour devenir plurilingue. C’est la raison pour laquelle ces dimensions sont constamment « articulées, croisées, combinées » dans le Portfolio européen des langues pour le collège, outil qui doit être perçu comme un moyen « de reconnaissance de l’histoire linguistico-culturelle des sujets auxquels il appartient et qu’il contribue à former ». Cette prise en compte de l’histoire est approfondie par Molinié qui interroge les modes d’articulations entre individu et société en contexte plurilingue, dans le cadre de cette « Europe des connaissances » dont les contours se dessinent depuis la Déclaration de Bologne (cf. résumé ci-dessous : Vol. 8 - N° 13 - pages 111-121). L’intrication entre les dimensions cognitives, existentielles et historiques dans la construction des connaissances est encore approfondie dans les deux articles figurant dans cette troisième partie. Dans le premier, Fouquet explique en quoi l’ethnologue aborde son « terrain » de recherche avec son histoire, ses préjugés et ses hypothèses. Il y rencontre et écoute des individus pris dans leur propre historicité. A la croisée de la réflexivité et de l’autobiographie, le journal de terrain « permet alors d’envisager de manière réflexive l’histoire du chercheur aussi bien que celle de sa recherche, en retraçant les ressorts psychiques, émotionnels, etc. qui ont prévalu aux évolutions de celles-ci ». Dans l'enquête que restitue ensuite Bertucci ce qui est analysé, ce n’est plus la subjectivité du chercheur mais celle, complémentaire, du sujet de l’énonciation qui prend la parole dans l’entretien biographique pour répondre aux questions posées par le sociolinguiste. Celle-ci travaille alors l’hypothèse selon laquelle l’activité langagière du récit de vie permettrait au sujet de l’énonciation de développer une conscience de soi. Elargissant la perspective et citant Ricœur, elle propose d’appeler médiation existentielle entre soi et le monde cette tentative. Les contributions montrent donc qu’à l’écrit comme à l’oral la combinatoire entre autobiographie et réflexivité relève bien de cette capacité à construire en interaction avec d'autres une série de médiations (sémiotiques, symboliques et existentielles) entre soi et le monde. David clôt le volume en montrant qu'autobiographie et réflexivité apparaissent comme des actes psycho-sociaux fondateurs de toute appropriation conjointe, dynamique et maîtrisée de la pensée et du langage.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01474589 , version 1 (22-02-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01474589 , version 1

Citer

Muriel Molinié. Autobiographie et réflexivité. Centre de Recherche Textes et Histoire (CRTF). Autobiographie et réflexivité, Encrage-Les Belles Lettres, 2006. ⟨hal-01474589⟩
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