L’éducation aux médias, l’éducation au cinéma : une histoire parallèle pour un destin commun ?
Résumé
Dans cette communication, nous nous proposons d’éclairer de façon qualitative et rétrospective l’évolution historique et théorique parallèle de l’éducation aux médias et de l’éducation au cinéma.
La France est connue pour être le pays où le clivage idéologique entre éducation aux médias et au cinéma est le plus vivace encore aujourd’hui. En effet, l’histoire de la cinéphilie française a opposé le statut artistique du cinéma à son statut médiatique porté par les cultures populaires et souvent dévalorisées dans le cadre éducatif. De fait, sa didactique est davantage tournée vers le choc esthétique malrucien, ou plus simplement la transmission du goût, que les questions de décryptage de l’image dont des auteurs tels que Eco, Metz et Barthes se sont pourtant fait l’écho dans le cadre plus englobant d’une éducation - critique - à l’image.
Mais l’évolution de l’environnement médiatique à l’ère du numérique rend obsolète la persistance de ces différenciations. Les pratiques médiatiques et en particulier audiovisuelles des jeunes connaissent actuellement de profondes mutations, en raison notamment de l’évolution des dispositifs vers des interactions, participations et diversités de contenus permises par les formats numériques. La salle obscure, sans laisser sa place, se voit désormais concurrencée par des équipements familiaux de plus en plus complexes et variés. L’attention du cinéphile se trouve également déviée vers des dispositifs participatifs et mobiles ayant un impact important sur la posture spectatorielle. Finalement, c’est le phénomène même de convergence qui pousse à questionner les articulations d’approches éducatives jusque-là pensées séparément.
Parallèlement à ces transformations, c’est le paradigme des relations des jeunes aux médias qui est profondément modifié. Si la culture de la convergence décrite par Jenkins conduit à imaginer un spectateur participatif, créatif et engagé, les pédagogues cinéphiles ont aussi accepté l’idée d’une mutation - essentiellement anthropologique - dans le rapport des enfants au cinéma.
A l’heure de la convergence des contenus sur les supports numériques et des pratiques multimodales des jeunes face aux consommations audiovisuelles, comment penser l’éducation aux médias et au cinéma ? Comment cette convergence permet-elle à l’éducation aux médias et l’éducation au cinéma de se rencontrer ?