Le découvrement comme mode de pensée-en-poésie
Résumé
Il est possible de lire l’anagogie de Dante, narrateur-personnage de son propre Poème, comme une succession de découvrements dont l’effet n'est pas moindre que celui des «leçons » imparties par Virgile, Stace, Béatrice, Saint Pierre ou Saint Bernard de Clairvaux, ni la valeur testimoniale moins forte à dessiller le lecteur qui ait « tendu le cou vers le pain des anges » (Par. II, 11). Déjà, dans la canzone qui a fourni l’embrayeur de cette rencontre, c’est un manque, un défaut
de « couverture » qui déclenche l’intervention active, quoique momentanément impuissante, d’Amour. D’autres fois, ce qui cesse de rester (à) couvert est certes moins 'beau' (mot-clef de la canzone), mais autant sinon plus efficace à produire – sur Dante et chez ses lecteurs – le choc où se découvre une vérité instantanée, en une forme de pensée esthétique ou pensée-en-poésie. L'exposé essaiera de suivre ces moments de « voyance » mentale susceptibles d’une visée épistémologique, chez Dante et quelques autres poètes italiens, jusqu’à Pascoli et Raboni, en partant d’analyses textuelles précises, limitées à quelques niveaux privilégiés (lexique, morpho-syntaxe, rythme).