La photographie, un outil anthropologique en classe de FLE
Résumé
Selon Marc Augé (1994), l’anthropologie s’attache à la perception de l’altérité par autrui. On propose ici le recours à un support photographique pour analyser les conceptions de l’autre chez des apprenants de français enseigné comme langue étrangère. La photographie Honor Fraser YOHJI YAMAMOTO, Arizona de Dominique Issermann a été montrée à quatre groupes d’étudiants lors d’une observation participante menée à Paris. L’analyse du corpus révèle la façon dont les spectateurs voient des analogies entre la photographie et d'autres images, des textes, des mythes, des films, des publicités… Par l’effet de la mémoire visuelle, les photographies renvoient à la mise en spectacle actuelle du monde. Le rapport aux autres se construit à travers des images. Les références culturelles sont souvent ancrées, comme on pouvait s’y attendre, dans des aires géographiques spécifiques. Cependant, on observe une forme de capillarité entre les cultures : les apprenants ne se réfèrent pas uniquement à leur culture d’origine mais font également appel à des objets culturels éloignés. Les perceptions culturelles qui se manifestent chez les apprenants donnent lieu à ce que l’on peut considérer comme des échanges interculturels verbalisés. Chaque participant explique ses références à l’ensemble du groupe, lorsque l’univers culturel qu’il évoque n’est pas partagé. L’altérité apparaît ici dans un rapport direct entre les apprenants de diverses nationalités. Cela favorise un partage entre les participants qui sont amenés à mieux interpréter les réactions et les attitudes de leurs pairs. Après avoir présenté la problématique, on s’attachera à l’analyse des données en trois temps : l’analogie entre la photographie et d’autres formes, la circulation entre les cultures et la transmission interculturelle.