Anti-Ulysses? L'exil ou l'impossible Odyssée (Conrad, Seghers, Sebald)
Résumé
In a comparative perspective, this article analyses three paradoxical Odysseys, focusing on the impossibility of the homeward journey in works published at different moments of the twentieth century, or stages in the narratives of exile. The Ulysses myth appears as an unattainable ideal; although not devoid of critical distance, it conveys a profound sentiment of nostalgia. Lord Jim, Transit and The Emigrants replay the aesthetical and ethical issues of the myth in moving narratives that show the displacements and sufferings of “little people”. They offer thus three literary monuments to the memory of these anonymous travellers, doomed to an aimless if not static wandering, who could never go back. Saved from oblivion by the act of transmission, these three anti-Ulysses gain a humble home in men’s memory, kleos (glory) if not nóstos (return).
L’article analyse, dans une perspective comparée, trois Odyssées paradoxales, plus précisément son impossible réalisation dans des œuvres qui s’échelonnent d’un bout à l’autre du XXe siècle, comme autant d’étapes d’une réflexion narrative sur l’exil. Le mythe d’Ulysse y apparaît comme un idéal désormais inatteignable, non dénué de critique au demeurant, générant une profonde nostalgie. Lord Jim, Transit et Les émigrants rejouent les enjeux, esthétiques et éthiques, du mythe, offrant des textes profondément poignants qui disent le déchirement et l’Odyssée de « petites gens ». Ces récits, engageant une réflexion sur la mémoire et la transmission, proposent ainsi trois stèles dédiées à des inconnus sauvés de l’oubli, bien que le retour leur ait été définitivement interdit, ces anti-Ulysses gagnant ainsi le kleos (la gloire) à défaut du nóstos (le retour).