La subversión de la leyenda de Lucrecia en Lucrecia y Tarquino de Francisco de Rojas Zorrilla y su parodia en el Baile de Lucrecia y Tarquino de Agustín Moreto
Résumé
Dans ce travail, nous avons poursuivi notre examen de l’exploration des modifications (subversion et parodie) apportées à la légende de la Lucrèce romaine dans le théâtre du XVIIe siècle et montré que la légende fut traitée de façon parodique par Agustín Moreto dans le baile théâtral intitulé Lucrecia y Tarquino : le viol se transmue en baiser furtif et le châtiment de Tarquin en mariage après la mort exigé par Colatino.
Dans la tragédie de Rojas, l’histoire légendaire de Lucrèce se transforme en tragédie conservatrice où la légitimité du pouvoir du tyran n’est pas remise en cause, même après le viol. La portée politique de la légende, dont la finalité était d’expliquer le passage de la Monarchie à la République, est totalement gommée. Le suicide de Lucrèce qui, dans légende, a vocation à provoquer la rébellion contre le tyran, perd toute valeur. La pièce se résume à une condamnation de Colatino, le mari imprudent, qui a vanté publiquement la beauté de sa femme et a éveillé ainsi l’appétit coupable du tyran.
Cette pièce s’inscrit dans un modèle d’œuvres qui mettent en scène l’impuissance de la victime face à la violence du pouvoir. Elle représente le paroxysme de l’inversion de la signification originelle de la légende de la Lucrèce romaine : au lieu d’exhorter à la révolte, le viol débouche sur l’acceptation résignée du pouvoir du prince au nom de la raison d’État